



Conçu par les architectes Bernardo Secchi et Paola Vigano, ainsi que le paysagiste Charles Dard, La Courrouze a permis d’apporter une réponse durable au renouvellement urbain.
Initié dans les années 2000, le projet visait à reconvertir d’anciennes friches en un quartier, après près de 200 ans d’activités militaires puis industrielles. Au nord du boulevard Mermoz, subsistait en effet une zone mystérieuse, cachée par un grand mur d’enceinte en pierre derrière lequel la végétation avait largement repris sa place. De cette gigantesque friche est née La Courrouze ! À cheval sur les communes de Rennes et de Saint-Jacquesde-la-Lande, un nouveau territoire où le bâti s’insère dans le patrimoine paysager s’invente tout en conservant les vestiges du passé.
Bureaux, commerces, écoles, équipements, transports… ont, petit à petit, vu le jour. Entre ville et nature, La Courrouze a fait le pari d’une démarche exemplaire tant sur la conception urbaine d’ensemble que sur les nouvelles constructions. Quelques années et concertations plus tard, ce sont, à terme, environ 10 000 habitants et 4 500 emplois qui font de La Courrouze, un quartier aux multiples facettes, où toutes les populations et activités se rencontrent.
Mathieu Aufort président de l’asso des Cartoucheries depuis 2020
« En même temps que nous proposons aux habitants et aux associations du quartier une salle à taille humaine et des espaces de coworking, nous essayons de créer un réseau entre professionnels du secteur. On sent une vraie dynamique entre les acteurs économiques et associatifs. Notamment avec le Réseau apéro Courrouze qui permet de faire des passerelles entre la salle des Cartoucheries, le Old school café mais aussi avec nos voisins des Halles en Commun, Grabuge…»
Sigrid Azouz Ménard habitante du secteur Bois Habité depuis octobre 2011
« Il y a véritablement eu une belle évolution depuis notre arrivée. Il y a près de 15 ans, nous vivions entre espaces en friche, ruines, travaux… sans école, sans commerce. Il nous a fallu nous serrer les coudes entre voisins, notamment en créant un pédibus ou l’association Courrouz’if. Puis nous avons eu le plaisir de voir naître le premier restaurant et les commerces, et plus tard la ligne b du métro. Même si aujourd’hui, il a un peu perdu son côté « village », c’est un quartier vraiment chouette à vivre, entre ville et nature. »
Yannick Carro gérant du magasin Sobhi Sport depuis 2018
« Je suis commerçant, pionnier de la place Jeanne Laurent ! Et ce fut un pari de s’installer dans un nouveau quartier. J’y vis de ma passion, le sport et le triathlon. Dans ma boutique se croisent amateurs et sportifs de haut niveau. Ce qui est attachant c’est que c’est un quartier avec une grande pluralité d’habitants et tourné vers la nature… On s’y balade, on marche le long d’espaces paysagers ou près de zones encore en friche… Et notez, de la boutique on part pour un running ou une randonnée au grand air jusqu’au cœur des bois de la Prévalaye, et même jusqu’à Redon, sans voir de bitume! »
Karine Hottin responsable communication au Village by CA, l’accélérateur de projets innovants
« Je travaille à La Courrouze depuis 11 ans. Le quartier se distingue par sa diversité d’entreprises. Souvent comparé au « quartier de La Défense », il accueille aussi bien des grands groupes, des PME, des TPE et des start-up, créant ainsi un écosystème dynamique propice aux synergies, à la collaboration et au networking. Avec la ligne b du métro, nous avons un accès direct avec la gare de Rennes et la technopole ViaSilva. Les entreprises apprécient également le cadre verdoyant pour faire du sport ou se retrouver dans le parc pour déjeuner. De plus, nous avons de nouveaux lieux pour les afterworks, comme le Khap ou le Saint-Jacques Café. »
Hassan Mazroui habitant de l’Aviateur, boulevard Jean Mermoz, depuis 2 ans ½
« Quand nous sommes arrivés avec ma famille, il y avait beaucoup de constructions, maintenant c’est tout propre. Il manque encore un terrain de foot ou des aires de jeux pour les enfants. Il n’y a pas beaucoup de vie dehors. Chacun a son boulot et rentre chez lui. Mais tout le monde respecte l’autre. Il n’y a pas de problème de sécurité et ça c’est bien. Quand il fait beau, on va pique-niquer à la Prévalaye à vélo, ce n’est pas loin. Sur place, il y a tout! Kersanté, pharmacie, supermarché, boulangerie, dentiste, kiné, restauration, optique, coiffure, piscine militaire, métro, l’Antipode, La Petite Rennes… Je pense qu’il y a de l’avenir pour le quartier! »
L’équipe de La Petite Rennes atelier associatif et participatif, d’autoréparation de vélos
« Nous sommes 7 membres de l’équipe à accueillir pas loin de 150 personnes par semaine. C’est un public cosmopolite, du quartier ou d’ailleurs qui apprend à réparer et entretenir sa fidèle bicyclette. Même des enfants de l’école voisine viennent à l’atelier ! Le bâtiment, le lieu, le parc, les gradins, la verdure… c’est un cadre idéal de travail et de vie. À La Courrouze on peut facilement s’écarter des grands axes, prendre les chemins de traverse pour faire du vélo. Les habitants bénéficient de la proximité du métro et d’équipements tels que l’Antipode et les Halles en Commun. »
— Quelle a été votre première rencontre avec La Courrouze, il y a plus de 20 ans ?
Les lieux nous ont fascinés dès le départ. Riches en paysages, ils pouvaient tisser de nouvelles relations avec le centre-ville, la gare, la Prévalaye… Il nous a fallu imaginer un quartier innovant et respectueux du déjà là, anticiper les usages sur plusieurs décennies, et se faire le laboratoire de nouvelles expériences et d’une transition écologique qui s’amorçait déjà.
— Comment concrétise-t-on le slogan « Vivre en ville, habiter dans un parc » ?
Vivre en ville, c’est penser les relations sociales. Ne pas réaliser une enclave, mais un morceau urbain attractif et mixte où l’on passe, on travaille, on va à l’école, on prend un verre avec les amis… Le projet de La Courrouze a permis de bien réfléchir et approfondir ces sujets. Ainsi que celui de l’innovation sociale, aujourd’hui à l’oeuvre avec le projet des Halles en Commun. Le parc pouvait s’appuyer sur la richesse végétale existante, où les grands arbres coexistaient avec les sites militaires. Habiter le parc signifie une relation intime, de proximité, presque de protection avec le grand espace vert et public de La Courrouze qui réunit toutes les variétés de logements, d’équipements…
— Quel bilan tirez-vous aujourd’hui de ce projet ?
Depuis vingt ans, Studio Paola Viganò, avec Charles Dard et ORA, soutenu par Aubépine et Iaosenn, ont suivi le projet de la Courrouze. C’est à la fois une histoire de projet, et de vie, exceptionnelle. La ville s’écrit encore aujourd’hui, avec les nouveaux habitants, les enfants qui jouent dans le parc, les commerces, le métro, les entreprises, la place centrale, les écoles à Grande Prairie et à la Pilate…
Lire le journal du projet #27 - Hiver 2024 / 2025